24 avr. 2012

Tulle, 22 avril


Samedi 21 avril, 18h30 : Nous arrivons à Tulle. Une fois de plus cette année. Sur le parking du Centre culturel et sportif d'où François Hollande fera sa déclaration demain soir, des dizaines de camions-satellites se pressent. Des techniciens sortent de partout, les câbles jonchent le sol. Dans la salle, on découvre les longues tables vides, qui attendent ordinateurs et journalistes. Les scènes "praticables" pour les caméras sont trop peu nombreuses, comme d'habitude. Il faut se faire une place, la meilleure, la moins excentrée possible. A notre tour, nous mettons en place nos plateaux, pieds de caméras. Les traits sont déjà tirés.

21h : Toute notre équipe se retrouve au restaurant. Bondé. De journalistes, techniciens, équipes de campagne et de com. La soirée de demain est dans toutes les têtes, sur toutes les lèvres. A notre table, un technicien, un journaliste pour les plateaux, un autre pour les directs d'ambiance, trois cameramen (dont deux women), une ex-stagiaire originaire de Tulle qui prodiguera petits conseils sur la ville tout au long du weekend. On trinque au 22 avril. On est heureux d'être là. D'être enfin là, après de longs mois de campagne, que nous avons tous suivie, de près ou de loin. Pour ma part, j'étais déjà là il y a plusieurs mois, lors de l'élection de FH à la tête du Conseil général, lors de sa déclaration de candidature à la primaire socialiste... Quelle longue campagne.

22h30 : Nous regagnons l'hôtel. Il faut être raisonnables, la journée de demain va être longue. Pourtant, l'atmosphère est électrique, on boirait bien un verre... Toute la soirée, nous avons parlé de notre dispositif, pour être au plus près de FH, et le maximum présents à l'antenne. Ca va secouer. Bizarrement, je n'ai pas de mal à m'endormir. Si fatiguée... Je rêve que je filme Nicolas Dupont-Aignan lors d'un reportage. Surmenage ?

Dimanche, 8h15 : C'est parti. Une partie de l'équipe est déjà au Centre culturel, pour s'assurer que notre pied de caméra n'a pas été bougé pendant la soirée ou au petit matin, par une équipe jalouse de notre emplacement, peu soucieuse des règles d'entente cordiale entre journalistes (non, je déconne, y'a pas de règle). Ouf, rien n'a bougé. J'embarque une caméra et file du côté de la permanence de François Hollande, d'où il doit partir prendre un café avant d'aller voter. Son petit rituel, paraît-il. Sauf que son café habituel est fermé. Mauvais présage ? Il s'enfermera jusqu'à presque 10h. Quatre caméras, 6 photographes sont là. C'est peu, les autres, la cohue, l'attendent à son bureau de vote. Il pleut, il faut mettre les caméras à l'abri. Il fait très froid, aussi. A chaque arrivée de conseiller, ou lorsque la porte au loin s'ouvre, je jette ma caméra sur l'épaule, avant de me raviser sous son poids, quelques minutes plus tard. Je suis obligée de partir avant qu'il ne sorte. C'est moi qui dois tourner le vote de Bernadette Chirac à Sarran, prévu pour 11h30. Je ne peux pas prendre le risque de la louper. La dame se réserve le droit de planter les journalistes, paraît-il.

10h30 : J'arrive à Sarran. Ici, toutes les affiches électorales ont été arrachées, sauf celle de FH. Corrèze forever. A la place, il y a Jacques Chirac, tout fringant de 1981. Le message est clair.

11h45 : Nous attendons sous la pluie depuis plus d'une heure. Je suis congelée, je ne sens plus mes pieds. Il fait 5 degrés dans ce coin montagneux... Europe 1, RTL, Radio France, l'AfP, France 2, M6, la Montagne... Bernadette attire toujours les foules. Ses fans et amis de longue date l'attendent aussi. Elle arrive, file dans le bureau de vote. A l'intérieur, il doit faire 25 degrés. Humidité, chaud-froid, ma caméra est pleine de buée, l'enfer. Elle prend soigneusement plusieurs bulletins, en deux exemplaires. Elle n'a pas sa carte d'électeur mais montre son passeport. Le responsable du bureau de vote rigole. Elle reste longuement dans l'isoloir, les caméras tournent et les flashs sont prêts à crépiter. Elle vote, deux fois. Puis s'arrête pour répondre à nos questions. Jacques était trop fatigué pour faire le trajet depuis Paris, nous explique-t-elle. Pour qui a-t-elle vote ? Le vote est secret, nous répond-t-elle. Elle dit qu'elle garde des souvenirs émus, forts, de ces journées de vote, en tant que femme de candidat, que la présidentielle est l'élection majeure, qu'elle n'a suivi que la campagne de Nicolas Sarkozy. Que Jacques Chirac ne commente plus la politique actuelle, depuis la fin de son mandat. Elle confie même qu'il a regretté son fameux "trait d'humour corrézien" lorsqu'il avait dit qu'il voterait Hollande, il y a quelques mois.

12h20 : je quitte Sarran. Pas contente de moi et de mes images. Comme d'hab.

13h : A Tulle, j'envoie mes images. Je retrouve le reste de l'équipe pour manger vite fait une paella prévue par le PS pour les journalistes. Il paraît que la cohue a été terrible, ce matin, à l'arrivée de FH à son bureau de vote. Une vraie bataille, tout sauf rangée. Il a fallu jouer des épaules pour obtenir une image.

14h : tout est en place, y'a plus qu'à attendre. Je repasse par l'hôtel, chercher un autre pull. Sinon, je pense que je vais mourir de froid, ou d'une pneumonie avant ce soir.

15h30 : on a beau faire le tour, on est prêts. Une partie de l'équipe attend devant le restaurant où FH déjeune, prête à le suivre en moto pour faire quelques images, et savoir où il va passer son après-midi. Nous partons au Conseil général. C'est là qu'il doit venir écrire son discours. Et puis nous l'attendons. La caméra prête à tourner, nous guettons les voitures. Plus le temps passe, plus les journalistes sont nombreux. Nous nous entassons sous les parapluies en attendant que les averses passent. Je porte maintenant deux tee-shirts, deux pulls, et même deux manteaux ! Un vrai bonhomme Michelin ! La caméra ne me fait même plus mal sur l'épaule molletonnée. Peu à peu, des hommes de la sécurité se mettent en place devant l'entrée du parking. Ils sont presque une dizaine devant un portail ! Zen, les gars...


18h environ : Trois voitures débarquent en trombe. Dans la première, un responsable com de l'équipe de FH klaxonne et crie, fenêtres ouvertes, de dégager le passage. Dans la deuxième voiture aux fenêtres très teintées, on suppose qu'il y a FH. Quelle image ! Tout ça pour ça... Nous faisons un direct, pour dire que François Hollande est bien là. Nous laissons un JRI de notre équipe, avec une moto, pour le suivre lors de sa redescente vers le Centre culturel.

18h30 : en bas, les choses s'accélèrent, la salle s'est remplie de tous les côtés. Militants et supporters, relégués dans les tribunes sur le côté, ou derrière le mur de caméras sur estrade. Ils doivent nous détester... FH va donc s'adresser à des journalistes ! Nous faisons nos ultimes tests et répétitions de directs. Je m'harnache : caméra, et sur le dos, un gros sac avec un système HF, pour nous permettre de retransmettre les images en direct, casque avec retour antenne sur les oreilles. Je plie sous le poids mais j'ai hâte. Nous sommes prêts.


19h55 : nous courons vers la salle. A l'annonce des résultats, les militants crient leur joie. Je filme, sans savoir si ça passe en direct...

20h05 : nous nous mettons en place dehors, pour attendre FH. Il se murmure qu'il pourrait faire sa déclaration très vite après les résultats. Tout le monde est un peu tendu, moi la première. Je me prends la tête avec le service com de FH (Vous explique pourquoi dans un prochain billet). La pluie tombe fort, très fort. Le technicien-bonne fée nous amène un peu de charcuterie pour prendre des forces. On tente de s'entendre avec les autres chaînes : pas de cohue, histoire que tout le monde ait son image. De toute façon, nous sommes relégués derrière une barrière, impossible d'approcher FH.

21h25 environ : notre collègue posté au Conseil général depuis des heures nous prévient : FH vient de quitter son bureau. Ca crie "il arrive !". Ca bouge dans tous les sens. On relance les caméras, on allume les minettes (lumières), on ne bouge plus. Environ trois minutes plus tard, on voit descendre le cortège, les voitures s'arrêtent, les fans crient dehors. Les flashs crépitent et FH apparaît de loin (sans manteau, genre il faisait bien chaud chez moi au Conseil général...). Pendant qu'il descend les marches qui le mènent du parking à la salle, les journalistes gueulent dans tous les sens pour avoir une bribe d'interview "FRANCOIS, FRANCOIS !" "M. HOLLANDE". Un journaliste crie même "M. LE PRESIDENT" (non mais pfffff, comme si ça pouvait le convaincre !). Il nous salue mais s'engouffre dans la salle. On part en courant pour faire une image de son arrivée. Juste à temps, je peux filmer les militants qui crient lors de son entrée... Je n'écoute même pas son discours, trop occupée que je suis avec ce que je dois faire. Pour être honnête, je suis un peu paumée, ça va très vite, je suis bousculée de partout, je ne sais pas ce qu'il va faire, où je dois aller. J'ai peur de louper LE truc. Après quelques minutes, toujours sur la scène, il vient devant nos micros. Est-ce que je tourne, est-ce que ça marche ? Mais qui appuie si fort sur mon dos ? Je vais tomber. Les attachés de com forment une barrière pour bloquer les journalistes mais plient sous leur poids. L'une d'entre eux me broie les côtes avec ses coudes. Il a l'air paumé, submergé, tendu. Loin de l'expression de maîtrise sereine et de la bonhomie habituelle. Il ne sourit pas. Peut-être réalise-t-il, ce soir ? En une fraction de secondes, on sent qu'il va venir vers nous. Il saute de la scène et va vers les militants. Une vague de caméras et de mecs costauds me tombe dessus, je suis poussée de tous les côtés, je ne sais même pas comment je tiens encore debout. Mon collègue me tient par le dos, me guide, me porte quasiment. Mais c'est quoi ce truc de fou ? Je lève ma caméra aussi haut que je peux, à bout de bras, elle est vraiment très très lourde. Nous faisons ainsi une trentaine de mètres, je n'ai aucune idée du temps que ça dure, je vois à peine ce que je filme. Il arrive vers les militants du fond de la salle, face à eux, il retrouve son sourire. Les journalistes renversent tout sur leur passage, même les estrades de leurs collègues, qui les regardent ébahis, en hauteur, se battre dans la masse. L'équipe de com, prise dans la folie, tentant d'aider le service de sécurité débordé par le bain de foule, nous crie "mais vous êtes complètement fous ?? Mais arrêtez  !!" A bout de forces, je donne la caméra à mon collègue, et lui prends le micro. Mais je garde le sac avec la transmission, nous sommes donc reliés par un câble et devons rester collés, à tout prix, pour garder une image. Nous ne savons même pas si nos images sont diffusées à l'antenne. Mon collègue est plus costaud, il passe devant, je le suis et parviens à hisser mon micro près de FH. Ca crie et ça s'insulte dans tous les sens. Caméra, micro, tous mes câbles sont emmêlés. On m'écrase les pieds, les côtes, on s'appuie sur moi. La meute avance telle une tortue. J'approche de FH et lui demande "vous y croyez plus fort que jamais ?" (oui, je sais, je vous avais déjà dit que j'étais la reine des questions débilo-lunaires). Il répond "oh oui,  j'ai toutes les raisons d'y croire". Et la foule l'emporte. Bien joué, Pau. Nous faisons ainsi tout le tour de la salle. Au fond, derrière la scène, la sécu parvient à nous repousser. Nous tentons d'interroger Valérie Trierweiler. Elle fait la gueule, ne nous regarde pas. Nous partons en courant de l'autre côté, pour tenter de faire sa sortie. Là, nous attendons plusieurs longues minutes devant une porte fermée. Tout d'un coup, ça bouge dans tous les sens, je ne sais par quelle intuition magique. FH sort, suivi de sa campagne et refait un bain de foule au milieu des militants amassés pour l'apercevoir. Certains nous insultent, nous qui les coupons de leur idole, les empêchons de l'approcher. D'autres nous soutiennent, nous encouragent et font de la place sur notre passage. Car nous bousculons tout, sans regarder l'âge ou la condition. Les parents éloignent les plus jeunes et les âgés flippent un peu. Mon collègue est au plus près de FH et fait de belles images. Dans l'escalier menant au parking, il passe mais la sécu me bloque. Obligée de grimper via une butte glissante. Un gentil monsieur me tend la main et me hisse en haut. Je cours rejoindre mon collègue, qui fait une dernière image de FH à la fenêtre de sa voiture. Sur sa moto avec chauffeur, un autre JRi de notre équipe est prêt à partir. Hystérique, je lui tape dans le dos et lui crie "t'es le meilleur, vas-y !!!!". Il me regarde comme si j'étais barjo. Je suis barjo. Les gens suivent la voiture en courant et puis c'est fini. Tout d'un coup, comme ça. Nous redescendons vers la salle, encore sous la pression et l'hystérie collective. "C'était bon, ça !". Quelques minutes plus tard, l'excitation ne se décide pas à descendre. Dans la salle, les gens partent peu à peu, les cameramen replient déjà leur matériel, les photographes et rédacteurs, eux, s'affairent sur leur ordi. Il faut envoyer papiers et images au plus vite. Nos collègues descendus de Paris filent vite : le bus affrété pour les journalistes va partir, et l'avion ensuite. Au-revoir, merci, c'est déjà fini, si vite ?


22h45 : la salle se vide, nous renvoyons toutes les images faites pendant le bain de foule. Puis nous allons chercher quelque chose à grignoter. Les premières douleurs dans le corps se font sentir. L'organisation arrache déjà l'affiche "C'est maintenant". Dans les tribunes, les journalistes étrangers continuent leurs directs.

23h : nous commençons à ranger, nous aussi. Enrouler les câbles, sous la pluie. Porter le pied de caméra, et le matériel alors qu'on n'a plus de force. Les collègues s'en vont peu à peu. Je tente de me réchauffer dans le camion satellite, je sens les jambes qui tiraillent. Entre collègues et techniciens, on échange des regards, soit complices "c'était fort quand même", soit haineux "tu es le beau salaud qui m'a poussé"...

23h30 : tout est rangé, on fait le point, on n'a rien perdu, miracle ! Notre cameraman et son motard reviennent, trempés. Ils ont réussi à avoir une dernière interview de FH, au pied de son avion à l'aéroport de Brive, après une course-poursuite de 40 minutes sous une pluie battante. Quelle journée de dingues. On a du mal à partir, à se résigner, à se décider. On est épuisés, mais est-ce bien fini ?

(Le rangement, c'est maintenant ! Copyright AE)


C'était dur, mais on remet ça le 6 mai, sans hésitation.

A très vite,
Pau.

12 avr. 2012

Ô saint James, priez pour nous


A quoi ça tient, être chef de l'année ?
Aucune idée. Ce n'est pas pour moi et mes lasagnes, tartes à la tomates et faux tiramisu, que le statut a été inventé...
Mais quand il s'est agi de choisir un joli lieu pour une date importante, je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé au Saint-James, à Bouliac. Je me disais que c'était con de ne pas aller voir le chef de l'année tant qu'il l'était. Et pas l'année suivante. Vous me suivez ?
Bon ben voilà, moi je suis une toute petite jeunette, et des restos étoilés, j'en ai pas fait des milliers. J'hésitais entre le restaurant Grand Vigne à Caudalie, le Pressoir d'Argent (le Grand hôtel, quoi), et le restau de Michel Portos. Ni une, ni deux, j'ai demandé conseil à ma copine Anne de www.papillesetpupilles.fr/ qui m'a dit "fooonce". Oui, mais où ?
Alors une ptite paire de talons, et une jolie robe plus tard, nous avons foncé jusqu'à Bouliac un soir de pluies fraîches, pour un dîner qui nous a réchauffés jusqu'à l'été.
Nous avons choisi les Morceaux choisis, ses cannellonis (big up pour les dattes-coriandre qui nous ont embarqués direction le soleil et les saveurs de Tunisie), son pavé rôti de barbue avec kumquats et céleris (un défi pour moi qui n'aime pas trop les kumquats et déteste le céleri, c'est dire. Relevé avec brio. Incroyable !). Un pré-dessert à base de mangue fondante, et un dessert spécial Pau de sublimes gariguettes aux accents de noix de coco. Pendant ce temps, on s'était enfilé quatre verres de vins tous aussi incroyables les uns que les autres, venus des côtes catalanes, du Gard ou de Hongrie, spécialement pour secouer les papilles de Bordelais que nous sommes malgré tout. Comptez également une dizaine de petits pains aux olives ou tomate-basilic, avec lesquels j'aurais fait tout simplement le repas, s'il avait fallu me sacrifier. Ah oui, il faut que je vous dise aussi, entre temps, (maudites soient les injonctions anti-calori(fi)ques pré-printemps) j'avais vu passer le plateau de fromages. Il ne figurait pas au menu, mais j'ai pleuré auprès du maître d'hôtel sympa, comme si ma vie en dépendait. Et nous avons eu droit au plus incroyable Reblochon (pourtant je suis calée en cheese, je peux vous le dire), à un brebis puissant et un Roquefort qui m'a laissée sans voix, moi qui n'aime pas vraiment le Roquefort. Voilà, c'était extraordinaire. Bon, doux, élégant, enchanteur. A chaque plat, j'ai été surprise, au moins trois fois, en trois temps, par l'assaut des saveurs inédites et subtiles.
Il paraît que Michel Portos n'était pas en cuisine. Pas de souci, sa brigade a géré. Ca doit être ça, chef de l'année. Assurer, même quand on n'est pas là. Et offrir un lieu où chaque détail compte, chaque geste est une cérémonie, chaque choix est motivé par le souci de perfection. Et puis les petites attentions... Le "doggy bag", petit sachet de douceurs à emporter m'a sauvé la journée, le lendemain midi, quand je rentrais déprimée d'une séance aux Prud'hommes. (aaaah mais oui, il faut que je vous raconte ça, aussi).
Bref, le bide plein et la tête remplie d'étoiles scientillantes du joli Bordeaux au loin, nous nous sommes promis de faire ça plus souvent. Manger, divinement bien, exploser sous les saveurs, voir les gens apprécier autour, se faire servir par des pros qui aiment leurs produits.


Est-ce que la vie, c'est pas ça ? Se régaler de belles et bonnes choses avec ceux qui comptent. Et puis s'en émerveiller à chaque fois. On bosse (aussi) un peu dans ce but là, non ? Et puis ça coûte moins cher qu'une paire de Louboutin, les filles. Ce qui est encore mieux paraît-il, c'est d'aller au Saint-James avec des Louboutin aux pieds. Tout est encore meilleur, comme si c'était possible...

Allez, belle journée à vous. Moi je vais voir (pas boire) du champagne, partout, partout. Ma série de tournages sur le vin continue.

Pau.

ps : les photos sont pourries, je sais, mais je n'allais tout de même pas sortir mon appareil tranquille pour shooter des assiettes !

5 avr. 2012

Chronique d'en-bas #1 Police



Il y a quelques jours, je suis allée au commissariat central de Bordeaux. Youhou ! Je vous avoue que je n'y vais pas très souvent, hein, je ne fais partie des habitués. Là, passage obligé pour aller faire faire une procuration de vote. Vous voyez comme je suis citoyenne...

Et bonne nouvelle, je ne suis pas la seule. Pour ceux qui auraient en ce moment des angoisses de taux d'abstention record, des cauchemars de bureaux de vote vides, des sueurs froides de bulletins esseulés dans des salles des fêtes désertées, rassurez-vous ! Si l'on en croit la file de personnes venues comme moi remplir le joli formulaire saumon, les électeurs devraient être au rendez-vous.
Sinon, il y avait aussi un monsieur complètement paumé, qui tentait de communiquer avec un (jeune) fonctionnaire de police à l'accueil (déjà) blasé. Il agite une feuille gentiment, et parle une langue inconnue. Le policier ne veut rien entendre "je ne vous comprends pas Monsieur, il faut parler français" ; en face : "Comprends pas" ; "je comprends pas"... Et ainsi de suite, personne ne comprend personne. Tout le monde se regarde en chien de faïence, sans proposer un coup de main. Le sketch aurait pu durer longtemps, mais il en fallait bien un moins buté que l'autre. Le monsieur s'est débrouillé, et il a trouvé un traducteur bienveillant qui a fait le lien... en anglais. Comme quoi, ça ne tient pas à grand chose, parfois, la communication...
Je parviens au guichet d'accueil, on me donne le formulaire à remplir "vous ne faites pas de ratures, hein, sinon, il faut recommencer". Arrive à côté de moi un vieil homme, qui n'a plus que deux dents, bien au fond, sur les côtés. Mais il les affiche quand même, tout sourire. Content d'être là. Il cherche à trouver un bureau d'anciens combattants à Bordeaux, il sort un courrier, "parce que je suis ancien combattant, moi, vous voyez". Heureux, fier. La jeune policière en face de lui est larguée. "Je ne peux pas vous renseigner monsieur, désolée, allez demander à la mairie". "Vous ne pouvez pas regarder sur vos ordinateurs ? Je n'ai pas d'ordinateur, moi..." Elle regarde sa collègue à l'autre bout du grand comptoir (avec "help" dans les yeux), la collègue tourne l'ordinateur vers le vieil homme qui découvre l'affiche "en panne", collée sur l'écran. Il s'excuse, et s'en va en souriant.
Un policier arrive de l'extérieur. Fatigué. Nonchalamment, il fait la bise à tous ses collègues de l'accueil. Sans un mot. Il dépose une pile de feuilles et s'en va. Sa collègue prend la pile et la range dans un énorme registre, prêt à craquer d'autres feuilles. Il y a du monde qui attend, un peu. Des gens installés dans l'espace attente baigné de lumière. Pour quoi ?
Le jeune policier fait des va-et-vient avec ses formulaires de procuration. Vient demander des précisions, repart, tamponne, glisse tout au long du bureau sur sa chaise à roulettes, classe ses formulaires, remercie et dit au-revoir sans lever les yeux. Il a une alliance. Marié si jeune ? Plusieurs policiers en civil attendent l'ascenseur, s'interpellent, se saluent, partent dans un éclat de rires. Les gens les regardent sans ciller.
"Suivant !" Jeune, homme, blouson en cuir, baskets. Egaré, flippé. Il montre une feuille un peu froissée à la policière.
Lui. "Je viens parce que j'ai reçu ça, et je voulais savoir ce que ça voulait dire"
Elle. "Ben ça veut dire que vous êtes convoqué par ce policier, que vous devez prendre contact avec lui"
Lui. "Je suis là, je peux le voir ?"
Elle. "Non, là il est occupé"
Lui. "Je peux attendre ?"
Elle. "Non, parce que dans dix minutes, il va partir en pause déjeuner" (je regarde ma montre, il est 11h43)
Lui. "Je peux revenir cet après-midi ?"
Elle. "Non, vous le rappelez et vous prenez rendez-vous pour dans la semaine"
Lui. "Mais je ne comprends pas, qu'est ce que ça veut dire, ce papier ?"
Elle. "Ca signifie infractions "mineures""
Lui. " ??"
Elle. "Agressions, vols..."
Lui. "Je comprends pas"
Elle. "Vous avez quelque chose à vous reprocher ?"
Lui. "Non"
Elle. "Eh ben alors ça ira".

Je suis restée scotchée à toutes ces petites scènes effrayantes d'humanité. J'ai mis 15 minutes à remplir mon formulaire. Chroniques d'un ras-le-bol ordinaire ? Ras-le-bol de la police, contrainte toute la journée de remplir les rôles de bureau d'information, centre social, défouloir... Ras-le-bol aussi des citoyens, lassés d'être accueillis par des visages fermés, des termes savants, des regards méfiants. Et ça ne se passe "qu'à" Bordeaux, "que" un lundi matin. Pas de jugement, pas de généralités non plus. Banale tristesse.

Pau.

3 avr. 2012

Dis, quand reviendras-tu ?



Ô scandale, ô désespoir ! Je n'ai pas écrit sur ce blog depuis.... je n'ose même pas regarder la date, c'est trop dur.
Toutes mes excuses pour cette absence, mille fois. J'espère que je vous ai manqué.

Je reviens avec une seule et unique question : mais comment font-elles ?
Oui, comment font-elles, ces femmes hyperactives, working girls, mamans, blogueuses ? Pour assurer au boulot, répondre à tous les mails, avoir encore le temps d'avoir des idées au travail, gérer le téléphone avec les copines, tenir la maison, emmener la puce à la danse, organiser des déjs, poster des articles tous les jours ? Moi, je vous le dis tout de go (j'adore cette expression), je n'y arrive pas. Bon ok, je suis plutôt du genre à me noyer dans un verre d'eau, m'enfin quand même. Femmes, je vous admire.

Alors pour justifier un peu mon stress démesuré et mon emploi du temps surchargé, il y a :
- mes pages à écrire pour mon magazine féminin, encore, et toujours. L'été, et ses commandes monstre arrivent.
- une série de documentaires de 26 minutes sur le vin à tourner (je ne vous en dis pas trop pour l'instant, sachez juste que c'est une première pour moi, et promis, je vous dirai quand et où ce sera diffusé)
- les élections, encore et toujours, avec leur lot de meetings, déplacements et autres reportages éreintants mais édifiants...

Ce qui veut dire que je devrais être en mesure, bientôt :
- de vous dire tout ce qu'il y a de mieux en terme de festivals et bons plans de l'été dans la région.
- de vous raconter mon plus beau choc architectural. Ca s'est passé au château Cheval Blanc à Saint-Emilion, et c'était sublime.
- de vous faire vivre les prochaines soirées électorales en direct live de Tulle, chez et avec François Hollande. Coulisses, ambiance, petites phrases, je vous dirai tout. (comment ça, je m'emballe ?)

En attendant, demain, je vous raconte les aventures de Pau au commissariat de Bordeaux. Ouuuuuuh.

A très vite,

Pau.



ps : avec deux petites images, qui me mettent de belle humeur : une jolie vue de soir tombant du côté de la Base sous-marine, et le cerisier du jardin en fleurs, il y a quelques jours.