(photo A.E.)
J'ai été très émue ce matin par ton histoire.
Il y a trois ans, tu t'es fait vacciner contre le cancer du col de l'utérus, tu avais 15 ans. Hop, une petite injection de Gardasil. Tu ressentais déjà après cela des picotements, des "fourmillements" dans les bras et la jambe, mais ton médecin de famille t'a dit que ce n'était pas grave. Hop, une deuxième injection et là tu finissais au-dessus des toilettes à vomir, mal, au point de tomber inconsciente. Après, ça a été l'enfer. Tu nous as raconté, tu as essayé de nous raconter : les malaises, pendue aux bras des copines, les cours ratés, les injections chaque mois à l'hôpital de Dax, les paralysies, les maux, les rééducations à la Tour de Gassies au milieu des fauteuils roulants, le temps qui passe et toi qui ne vas pas mieux. La famille qui ne comprend pas, et les médecins qui comprennent. Ton père qui se bat comme un désespéré. Ta maman qui se sent terriblement coupable et qui a juste voulu, à l'époque, protéger sa petite fille. On disait partout que c'était bien... Tes parents qui vivent à côté du téléphone aujourd'hui, qui dorment avec, au cas où tu aurais besoin. Ben oui, malgré les soucis, tu as pris ton indépendance, un studio à Bayonne pour pouvoir aller en cours, au rez-de-chaussée pour ne pas trop te fatiguer. Après tout, tu as bien le droit, tu as 18 ans. Tu ne supportes plus le soleil, la chaleur, marcher plusieurs centaines de mètres. Les plages du Pays basque sont si belles. Tu en as ras-le-bol des maux de ventre, des vertiges et de l'état comateux. Comme on te comprend, nous et nos tout petits problèmes.
C'est incompréhensible : un vaccin. Fait pour soigner. Qu'y a-t-il de plus sécurisant qu'un vaccin ? De plus rempli d'espoir. De plus anodin. Et te voilà devant nous, sauvage nuée de journalistes, effrayée mais si courageuse, trois ans plus tard. Je ne sais même pas comment tu as fait pour nous supporter, pour ne serait-ce qu'endurer la vision de ce mur d'objectifs. Comment tu as pu souffrir nos soucis techniques, nos querelles organisationnelles stupides et nos questions qui veulent tout savoir. Elles t'étaient bienveillantes, sache-le, mais quelle agression !
Tu dis que ta vie a été gâchée, mais tu veux voyager. Tu pleures mais tu souris. J'espère qu'on t'entendra, j'espère surtout qu'on t'écoutera.
Bien à toi,
Pau.