23 janv. 2012

Marine, Jean-Marie, and co.


Bonjour bonjour !

Comme on se (re... mouais) trouve !
Alors comme j'en parlais hier soir, voici donc un premier vrai billet en bonne et dûe forme.
Hier, j'étais donc au meeting de Marine Le Pen et la grande famille, au Palais des Congrès à Bordeaux. Pour le travail, soyons clairs. Mais ce fut tout de même édifiant.
Alors un meeting du Front national, ça commence par de la sécurité. Beaucoup de sécurité. Une bonne dizaine de fourgons de CRS devant la salle, sans compter ceux qu'on ne voit pas, sagement postés dans les allées autour du lieu de rassemblement. Ils sont prêts mais ça ne chauffera pas, la manif anti-extrême droite, c'était samedi. Les CRS se mettent donc en place pendant que Marine Le Pen et son équipe déjeunent dans un (très !) bon resto. (Déjeuner à base de très grosses côtes de boeuf pour les chargés de sécurité, normal). C'est aussi là-bas qu'on déjeunait, mais à une table pas assez proche de celle de la boss du FN pour pouvoir entendre les conversations secrètes de l'équipe (mince...).
Place aux militants. Des cars venus de toute la région déversent leur flot de drapeaux bleu-blanc-rouge. 5 euros l'entrée, mais avec un pin's qui clignote offert, trop cool ! Je trouve que la militante du FN a une très grande utilisation du fond de teint (tous les sens du mot "grande" acceptés). Il y a des pliages Longchamp et que des coupes de cheveux bien propres. Forcément, en tant que journaliste, on est pris à partie par les militants : "et pourquoi vous n'êtes jamais objectifs ?" "pourquoi vous dites de nous qu'on est des extrêmistes, des fachos ?" "les médias ne relaient pas l'info correctement, ils caricaturent le FN". Débats. Ces mêmes militants qui se cachent ou s'effacent discrètement quand on dégaine la caméra. Pas envie d'être filmés ici ? D'être apparentés à un parti que VOUS défendez et que NOUS maltraitons ? Bizarre...
La salle principale est pleine, on en ouvre une deuxième, puis une troisième. Marine Le Pen est accueillie triomphalement. Etonnant. Elle attaque d'entrée sur les "électeurs trahis" de Sarkozy, les affaires Bettencourt, Karachi, le Parti socialiste "qui a gardé le pire", "l'affairisme et l'abandon des classes populaires", et qui propose au même moment un "concert d'exilés fiscaux" (référence à Noah guest-star du Bourget, vous aviez compris). Elle fustige les élites, la caste, le "métronome hypnotique droite/gauche". Elle fait le show. C'est son père dans le texte, le public adore ça. Quand elle s'aventure sur un terrain, ses militants vont toujours plus loin. Dans les travées, on entend les commentaires ironiques, insultes des gens de pouvoir, tout ce que Marine Le Pen ne peut pas dire. Il y a de l'immigration, aussi. Retour aux thèmes de prédilection, la campagne est bel et bien lancée. Pas grand chose de nouveau sous le soleil. Ah si, Marine fait de plus en plus dans le Daddy : régulièrement, elle se détache de ses notes et de son pupitre. Les deux micros attachés à sa veste prennent le relais. Elle arpente la scène comme le faisait son-père-le-showman, fait rire (ou fait pleurer).
Marseillaise, gamins sur la scène, confettis tricolores et public conquis. Marine s'échappe derrière la scène. Mais les journalistes ont besoin d'un "son", d'une réaction de la présidente du FN sur le meeting de Hollande. On court dans les couloirs, une équipe de télé parvient à se faufiler entre elle et sa voiture, les chargés de sécurité nous bloquent "fermement". Devant notre insistance (elle répond à tout le monde, ou à personne...), ils nous laissent passer en toute douceur et l'on accroche notre interview qui ne dira rien de plus que ce que nous avons déjà entendu.
Le meeting est fini. La salle se vide en quelques minutes. A la sortie, un grand drapeau français est tendu par quatre militants : le public est invité à y laisser quelques petites pièces ou gros billets. Forcément, je dégaine mon téléphone et prends une ou deux photos. Je m'échappe. Cette photo, je voulais la montrer ici, mais vous ne la verrez pas ! Je suis rattrapée par un membre du staff du FN qui me demande d'effacer la photo ("nous avons interdit aux gens d'en prendre, c'est pareil pour vous", me dit-il en guise d'argument). Je débats 5 minutes. J'efface la photo (Bouhouhhh, sifflements dans la salle...). Je sais, j'ai honte, je suis faible, je n'avais en aucun cas à le faire. Mais sur le coup, j'avais plutôt envie d'abréger avec le grand monsieur au badge "Sécurité".
Journalistes, pas plus forts que les autres.

Comme on s'en doutait, en plus, ce meeting n'intéressera finalement que très peu nos rédactions, face au buzz hollandien. A côté des militants qui boivent une bière avant de reprendre le bus, nous montons un petit sujet. Journée over. Franchement, c'était bien. C'est toujours bien (ce boulot, j'veux dire).
Si vous le voulez, on en reparlera. D'autres meetings, d'autres partis, d'autres militants, d'autres méthodes.


See you !


Pau


ps : et hier soir, en plus, mon homme m'a fait regarder pour la première fois Shining (je le crois pas, il a réussi !) Quelle journée...

6 commentaires:

  1. Pauline,

    Très juste ton papier. Très juste et réconfortant. Tout mon soutien à Fleur de Pau !
    Jean-Yves Saint-Céran

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  2. Bonne analyse, visiblement vous êtes bien infiltrée. Bon reportage, ça change du traditionnel sujet hélas tellement formaté.
    Merci Mademoiselle Pau. Et longue vie à votre blog.

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  3. Bienvenue dans notre monde bloguien. Votre écriture est charmante. Légère.
    Continuez.
    Fabrice Amperoux
    Blogofield

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  4. Merci pour votre analyse pertinente. Nous attendons la suite à présent. Avez-vous également du blogging sur FB ou Twitter?
    Continuez, je trouve que c'est du bon travail, ça manque sur internet.

    Anne-Marie - Provence

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  5. Bravo ma pauline,
    doucement tu vas la conquérir cette blogosphère... la toile est à toi.
    PS : j'aime ben ça moi, les p'tites fleurs.

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  6. Bravo POPO
    Lire tes articles .... C'est du petit lait ! quel bonheur. Continue, Enfin un feuilleton (à la Française !!)qui peut remplacer tous les autres ! BRAVO
    Nicole CESTAS

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