7 févr. 2012

Au secours, il neige dans ma télé !

Je lance cet appel vibrant depuis mon feu de cheminée. C'est l'hiver, il fait froid, trop froid. Une banalité affligeante. On dirait qu'il y a pas mal de choses qui ont décidé d'hiverner ces derniers jours (ou d'hiberner, c'est comme vous voulez, on va pas débattre de ça, hein ?). Par exemple le souci de la hierarchie de l'info de certains journalistes. Le bon sens de Claude Guéant. La modestie de Madonna. La crise. Et puis moi. D'où la cheminée, un peu d'infos cathodiques et quelques appels au secours.

Alors qu'est ce qui peut bien nous affoler comme ça à chaque flocon ?
C'est sympa, la neige. Les bruits étouffés, le temps qui ralentit, la pureté de l'horizon, les gens contents. Et là, dans nos journaux télé, breaking news, alertes météo, flashs spéciaux, cartes et chiffres à tout va... On devient barjos, non ? On ne pourrait pas juste se réjouir de ce retour en force de la nature, un petit but lors de son jubilé, son match de gala contre le réchauffement climatique. Non ? Tant pis.
Me voir infligée trois (4?) envoyés spéciaux en forme de glaçon, dans le JT de 20H (peu importe la chaîne, c'est la même chose partout), frigorifiés, nez rouge et cheveux dans le vent glacial, qui n'ont d'autre info à donner que la température de l'endroit où ils se trouvent ce-matin-ce-soir-et-vraisemblablement-demain. Subir les leçons de vie du reporter qui recommande de boire boissons chaudes et de se couvrir la tête. Ingurgiter 20 minutes de voitures sur le bas-côté, de dépanneurs overbookés avant d'avoir enfin accès à quelques bribes d'informations. Je dis STOP !
Je ne dis pas que je ferais mieux, si j'étais rédactrice en chef d'un 20H. Mais j'ai envie de voir une vraie enquête sur l'accueil d'urgence des sans-abris, et les raisons pour lesquelles tant de démunis (notamment les femmes) les refusent encore. Je suis curieuse de savoir comment travaillent la SNCF, les aéroports, pour que des vols et des trains soient encore bloqués 24h après les chutes de neige, en France en 2012. Je rêve qu'un journaliste aille demander à des responsables religieux ce que eux et leurs ouailles (de toutes confessions) qui prônent tant la charité mettent en place pour affronter ces grands froids. Ouvrir les églises, les mosquées, les synagogues aux plus démunis, j'ai lu ça sur Twitter et je n'ai pas trouvé l'idée absurde. Ca part dans tous les sens, je sais, la neige, ça glisse.
Je me dis juste qu'il y aurait bien d'autres sujets à traiter concernant le froid et la neige dans les médias, que les pénuries de chaînes pour les voitures. Creusons-nous la tête. Help, de l'air !

Après ce weekend riche en péripéties, je pourrais aussi parler de Claude Guéant.
On pourrait disserter sur la stratégie, la communication, l'utilité de la polémique... On peut débattre du mot civilisation, des propos sortis de leur contexte. Mais pas très envie, en fait.
Il y a juste deux choses que je ne comprends pas :
-1) pourquoi l'UMP et la droite n'ont pas désavoué Claude Guéant ? Pour moi et ma modeste analyse politique, l'UMP n'a et n'aura jamais intérêt à lorgner si près l'extrême. Beaucoup de gens de droite ne se reconnaissent pas dans ses propos. Et vont finir par refuser d'être représentés par ce genre de politicien.
-2) qui conseille Guéant ? Ils l'ont privé de stratège en communication, d'expert en sujets-pour-pas-énerver-les-Francais ou quoi ?

Râleuse, je vous avais dit. Heureusement ! Heureusement, il y a eu quelque chose de drôle dans ma télé. Un rayon de soleil, hier soir. Ce n'était pas la Guerre des mondes de TF1 du dimanche soir. Quoique. Mais l'interview de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Enfin de la politique, de la vraie.

Au début, il y avait la France, et l'Allemagne. Deux grands Etats européens, deux moteurs du Vieux continent. Deux chefs d'états sauveurs de la crise. Et puis après, il y a eu les questions du journaliste de ZDF. Il m'a bien fait rigoler, lui ! Surtout au début, quand il a demandé à Nicolas Sarkozy (en gros), comment il avait fait pour mettre son égo de côté pour toutes ces négociations. Lui qui est bien connu pour en avoir, de l'égo, voulait-il dire. Ils sont peinards, les journalistes allemands, ils demandent ce qu'ils veulent quand ils veulent. Non mais, ils se croient où ? Il m'a bien fait rigoler parce qu'il posait ses questions avec un petit rictus, comme s'il s'était dit pendant la séance maquillage "Sarko, je vais me le payer ce soir, ils vont voir ce que c'est que le journalisme, les Frenchies". J'ai trouvé que notre président répondait à toute cette provocation avec beaucoup de calme et de sang-froid.
Après, j'ai pas trop compris pourquoi Sarko parlait de la guerre entre l'Allemagne et la France, les vieux souvenirs, tout ça. Parce que là y'a menace ? On m'avait pas dit...
Après, le journaliste allemand a remis ça : (en gros) "pourquoi n'êtes-vous pas parvenu aux mêmes résultats que Merkel" puis "Est-ce que vous allez demander aux Français de travailler davantage ?" "Est-ce que la France est prête à renoncer à une partie de sa souveraîneté ?" Finalement, il serait presque énervant Mr ZDF. Du coup, Pujadas s'est lancé à la rescousse de Sarko en attaquant (plus mollement, il faut bien le dire) Merkel. Je comprends mieux l'histoire de la menace de guerre entre les deux pays, ça y est...
En tout cas, j'ai trouvé Angela sympa. Chaque fois que Nicolas parlait, elle opinait du chef avec applomb et sérénité. Et quand, à son tour, elle prenait la parole, elle se tournait gentiment vers Nicolas pour savoir s'il approuvait. Tout ça était très intéressant et très cordial.

Allez, je vais me calmer en regardant la neige, qui est toujours là dans mon jardin ce matin. C'est joli.
A très vite j'espère !

Pau

ps : crédit belle photo AE. De l'air !
Et je lisais hier soir (un peu en retard, certes) un article intéressant sur Lemonde.fr à partir de témoignages d'élèves de prépas, à la suite d'une enquête de Marie Desplechin intitulée "L'enfer des prépas". Forcément, je dis "un enfer, mais commmmmeeeeennnnt ?" Pas un enfer mais pas non plus une promenade de santé. Je vous raconte tout ça dans un prochain billet. Ciao !

4 commentaires:

  1. Super article ma Pau! Un régal.

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  2. Bonne analyse cette fois, mais vous devriez considérer aussi les centres d'intérêt des lecteurs de journaux... La plupart ne jurent que par le froid et la neige. Raccrochez avec la réalité, vous les journalistes!
    Cordialement,
    J. Barte
    Hénin

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    1. Merci pour votre commentaire !
      Il est vrai que les lecteurs et téléspectateurs sont intéressés par ces sujets, parce qu'ils les concernent ! Et justement parce que les gens veulent en entendre parler, notre devoir devrait être de leur proposer des regards nouveaux, originaux (qui leur apprennent vraiment quelque chose !) sur ces thématiques évoquées partout. Ca ne veut pas forcément dire en parler moins, mais aussi en parler différemment.
      Par ailleurs, je pense que quand les gens sont très concernés par un sujet, ils ont tendance à exclure, oublier tous les autres sujets, qui ont aussi leur importance, objectivement. A nous de proposer une hierarchie de l'info raisonnable... Tout un programme !

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  3. Bravo pour la métaphore sportive d'experte, j'aime : "On ne pourrait pas juste se réjouir de ce retour en force de la nature, un petit but lors de son jubilé, son match de gala contre le réchauffement climatique."
    Comme quoi ce n'est pas toujours beauf, le sport !
    Yves

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