1 févr. 2012

Fille à papa


Alleeez, on se bouge ! Je sais qu'il fait un froid de canard, à ne pas mettre un orteil dehors, mais l'expo dont je vais vous parler vaut vraiment, VRAIMENT la congélation.
(Je sais bien que vous êtes comme moi, que vous repoussez à chaque fois, si bien que vous finissez toujours par passer la date limite et louper l'événement. Comme je vous comprends ! Mais on enfile son Damart et on se bouge les fesses.)

La Base sous-marine de Bordeaux expose Pierre et Alexandra Boulat, le père, la fille, deux très grands photo-journalistes, qui ont traversé le siècle via ses soubresauts, ses régions en guerre, ou ses héros anonymes. Avec quelques années d'écart. Reporters sans frontières avait déjà consacré son album de septembre au duo de photographes : "Pierre et Alexandra Boulat, 100 photos pour la liberté de la presse". J'avais déjà adoré et l'avais acheté. On retrouve exactement les mêmes photos sur l'expo bordelaise, mais on les redécouvre complètement, l'émotion en plus.

Déjà, j'adore la Base sous-marine. Les perspectives. L'espace, l'atmosphère emplie d'histoire. Les battements d'ailes des mouettes (je suppose ?), qui résonnent et le bruit de mes pas qui claque. Les reflets rouges dans l'eau. Les plafonds qui suintent. Le pont en bois qui vibre sous mes pieds et sous les assauts des rafales du vent glacial. J'ai souvenir là-bas de photos magnifiques, de musique qui emplit les lieux, ou de soirées déjantées.

Là, c'est l'histoire qui est partout. Pierre Boulat (1924-1998) a entre autres collaboré avec France-Dimanche, ELLE, Life Magazine, Time, Paris-Match. En 1955, il est le premier journaliste occidental en URSS depuis la guerre ! Idem en Chine depuis la Révolution en 1964. Un pro de la trempe des Cartier-Bresson, Capa, Doisneau ou Pavlovsky. Il a légué à sa fille sa passion et son talent. Alexandra (1962-2007) a couvert tous les plus grands conflits : israelo-palestinien, ex-Yougoslavie, Kosovo, Irak. Voilà, encore une femme qui a de quoi me faire complexer pendant des années. Une journaliste, vraie de vraie. A ceux qui me parlaient lors d'un article précédent (Voir Petit Journal : l'entarteur encarté) d'ouvrir le débat sur la définition du véritable journalisme, eh bien je crois qu'on y est, dans le débat. Et dans le véritable journalisme ! Pas besoin de mots, souvent.

Allez-y ! Flâner dans les années 50, avec Piaf ou des artistes bohêmes, à l'heure du chabrot dans une famille modeste, ou en Algérie avec De Gaulle. Pleurer avec les mères voilées sur les morts de la Cisjordanie. Dîner avec Truman Capote. Revivre la chute de la statue de Saddam Hussein à Bagdad. J'ai adoré les parallèles révélés entre le travail du père et de sa fille. Avec lui, on se souvient d'un mariage traditionnel français, dans le Berry en 1945. Avec elle, on fait la fête dans un mariage à Kaboul. J'ai été émue par leurs séries de photos sur Yves Saint-Laurent. Pierre était dans les coulisses du premier défilé du maître, Alexandra dans celles du dernier !

Leurs photos sont incroyables ! Ce ne sont pas seulement des instants, mais un regard, une composition. Parfaite. Dans le coin, en haut à gauche du portrait légèrement décadré des militantes du Hamas, les éclats de balles.

Voilà, j'ai eu la chair de poule tout au long de l'expo, et pas parce que ça caillait, je vous assure !

Quand on voit tout ça, on est un peu jaloux (plutôt carrément admiratif) d'imaginer la carrière, le vécu de tels pros. Ils font partie de la caste des grands. Un jour, peut-être, je vous parlerai d'un autre (très) grand photographe, que j'ai la chance de côtoyer et qui a vécu d'aussi folles aventures.

Ca commence juste, c'est à voir jusqu'au 18 mars et c'est gratos. Youpi !
(du mardi au dimanche inclus, de 13h30 à 19h - Boulevard Alfred Daney)

Je vous laisse rêver à de grands voyages et reportages. Moi j'y suis !

Pau.








(clichés de l'expo et repro des photos : copyright Pierre et Alexandra Boulat).

ps : hé ! Notre Premier ministre François Fillon est en goguette bordelaise vendredi chez son ami (sic !) Alain Juppé. J'y serai et promis, je vais vous raconter tout ça.

5 commentaires:

  1. Bonjour Pau. Bonne idée, ces textes et beaucoup d'émotion dans cette relation photographique père-fille.
    Tu dois continuer.
    Quant à mon intégration à ce trio de choc, va falloir rester humble ! Tu prends des risques inconsidérés.
    Bisous, Pavlo.

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  2. Belle histoire, mais je préfère votre regard acéré sur la politique actuelle... Alors c'est quand vous voulez madame Pau...!!!

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  3. Marième2/2/12 19:52

    Quel que soit le sujet, j'adore ton style, ton écriture - top!
    Bon y'a plus qu'à trouver un moment pour aller voir cette expo la semaine prochaine..

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  4. Et Fillon il est toujours à Bordeaux? Vous avez déjeûné avec lui?
    Raf

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  5. @Pavlo : Merci ! Je prends le risque inconsidéré... Bises à très vite !
    @Marième : Merci ;-) on va se trouver un peu de temps, non ?
    @Raf : je pense que Fillon est rentré sur Paris (ou dans la Sarthe ?) à l'heure qu'il est ! A moins qu'il ne traîne encore du côté de la Tupina, où il a vraisemblablement déjeuné avec Juppé. Mais je n'étais pas invitée, dommage ! Billet à venir, tout de même, sur le reste, dans quelques heures...

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