16 févr. 2012

La France forte, c'est maintenant !



Ou "Le changement, c'est une France forte ?"
Il y a quelques semaines encore, je débattais avec des amis qui me disaient "Nicolas Sarkozy ne peut pas gagner cette fois, Hollande est trop loin devant, le ras-le-bol vis-à-vis de l'UMP est trop grand". Ce discours-là, beaucoup le tenaient encore, partout, tous les jours. Et je pensais : attendons que la machine soit lancée.
Moi je sens un petit vent froid, pas vous ? Comme une brise venue de la mer.

N'avez-vous pas trouvé François Hollande moins bon, lors de son meeting à Rouen ? Je sais que ce n'est pas de bon ton de dire ça, mais pour moi, la verve et la passion du Bourget manquaient. Le candidat socialiste ne semblait pas réussir à trouver le bon rythme, accroché à ses notes, alors qu'il enflamme d'habitude le public par ses discours plus "improvisés". En retard, hésitant, moins drôle, j'avais comme l'impression qu'il lorgnait malgré lui vers TF1 et que le coeur n'y était pas. Et puis en plus, c'était à Rouen, et désolée, mais je ne suis pas fan de Rouen. Sans doute à cause d'un traumatisme hérité d'un stage à "Paris-Normandie", où le soir, paumée dans ma chambre de Cité U miteuse, je tentais de comprendre et digérer la Constitution européenne. Comment ça, ça n'a rien à voir ? Enfin, la modernisation de la ligne Rouen-Paris, d'entrée, en guise de proposition, je ne suis pas sûre que ça lui amène beaucoup de voix. Ni de dire qu'il a besoin de Laurent Fabius, et qu'il en aura encore plus besoin après. (oh non...) A 19h31, tandis que Nicolas Sarkozy arrive grand smile à TF1 en tenant la main de Carla, François Hollande galère un peu et tourne autour des mêmes idées. Fatigue ? Conséquence d'une campagne démarrée tôt et tambour battant ? Lors d'un reportage où je le suivais il y a quelques semaines, François Hollande concédait en "off" qu'il avait commencé la campagne très tôt, et qu'il allait falloir tenir. Sur les idées, sur la forme, sur l'énergie, sur le budget.

Et puis j'ai zappé. Tout en préparant une soupe (cf le navet de la photo, ceci n'est pas une métaphore cachée), j'ai écouté Sarkozy. J'ai écouté la voix de Sarkozy, qui ne m'a pas semblé tout à fait la même. Imperceptiblement plus rapide, moins posée et moins basse. Moins "papa protecteur". Evidemment, il fallait s'y attendre, on a eu droit au (en gros) "le capitaine peut-il abandonner le bateau pendant la tempête ?", à l'épouvantail de la Grèce, au "est-ce bien raisonnable ?" relatif à toutes les propositions de Hollande, le "est-ce que les Française veulent une France faible ?".... Ah oui et puis aussi le (en gros) c'est bien beau mais "le rêve, ça se termine toujours en cauchemar". Voilà, on y est, fini le rêve, les grandes idées, Sarkozy le concret, le rationnel, le sérieux, le pragmatique, est arrivé. Youhou ! Le rouleau-compresseur médiatico-politique est en marche. Les équipes sont en place, l'armada de communicants est prête à dégainer slogans, réactions, petites phrases ou mots chocs, les snipers de l'UMP sont tous prêts à tirer, tout est bien huilé, ne vous en faîtes pas. Boutin, Morin, au bercail. Manquerait plus que Dominique de Villepin s'y mette aussi, on est mal ! Tout ça pour dire que la lourde machine est en marche et va ratisser large. Peut-être que les deux camps ont un peu peur, désormais. Et vous l'avez vu, le président-candidat, cet après-midi, sur i-télé, plaisantant, mec sympa ? Nouveau rôle, nouveau costume. Tout ça, ça n'est évidemment que de la forme. Mais elle compte, à l'heure de l'isoloir.

Quand Hollande, il y a quelques semaines en meeting à Bordeaux parlait de "combat", de "guerre", de "stratégie militaire" ou d'"état major", on le regardait avec des grands yeux, genre "mais qu'est ce qui lui prend ??" L'homme nous paraît trop gentil sans doute. Quand Sarkozy lance la machine de guerre, ça n'étonne plus personne, bizarrement. Tous aux abris ! Mais ouvrons bien nos yeux et nos oreilles, rien n'est joué. C'est quand même nous qui décidons, au final, non ?

A très vite,
Pau.

ps : vous en pensez quoi, de cette affiche, vous ? Il n'y a que moi qui trouve qu'il y a un léger strabisme convergent sur la photo ? (oui, je sais, je vais avoir des problèmes !). Et puis toute cette eau... Ca me donne envie de faire pipi.
ps 2 : oui, je sais, je ne suis pas trop là en ce moment. Normal, je suis à Paris. Et demain, sans doute, je vous raconterai le calvaire des mères parisiennes...

1 commentaire:

  1. Hello Pau,

    Je pense que l'issue de cette élection sera serrée et je n'ai jamais enterré Sarko car je ne sais que trop que le Sarko candidat peut être très très bon.

    Et pourtant...sa prestation hier soir m'a au contraire pour la première fois donner la conviction qu'il pouvait perdre, ce qui restait encore un doux rêve.

    Oui car en 2007 il n'avait pas le bilan de président à assumer. Et quand on l'entend nous expliquer, avec une démagogie qui frôle les sommets que lui, l'homme du peuple, avec le peuple va multiplier les référendums pour éviter que les petites élites ne fassent leurs magouilles sur les grands sujets on croit rêver.
    Ce cher peuple, que ne lui a t on demandé de son avis sur toutes les grosses réformes du quinquennat (puisque apparemment point de salut pour la démocratie hors du référendum...!)?
    Il ne manque plus que le "travaillez plus pour gagner plus" et le compte est bon.
    Rien de nouveau à l'horizon donc - Le pari de jouer sur l'amnésie collective...Fort risqué.
    On dit qu'on a les dirigeants que l'on mérite - On verra tout ça le 6 mai.

    Merci encore pour tous ces papiers toujours stimulants!

    M

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